Voulez-vous savoir les oeuvres de l'homme, et voulez-vous savoir les oeuvres de Jésus ? Venez dans la maison de Jaïre ; venez, et je vous les montrerai.
La jeune fille était morte ; étendue sur le lit au centre de l'appartement, fraîche de la vie de tout à l'heure, belle de la beauté de ce matin, souriante de sa dernière pensée ; mais morte !
Et telles sont les oeuvres de l'homme comme une jeune fille morte. Car elles ont la forme de la perfection, et un front de promesses, et elles montrent une persuasion de vie ; mais au dedans elles ne sont que deuil ; aucune âme ne les habite que celle de nos regrets.
A la voir ne diriez-vous pas qu'elle va se lever de nouveau comme la dernière fois ? - Oh ! lève-toi, jeune fille, viens, passe au milieu de nous, ô printemps, égaye notre âme, ô chanson !
Tu dors, enfant, aucun songe ne t'agite. Mais bientôt le rêve viendra ; Car à l'heure de tes douze ans il s'est mis en route, ton ami, celui que tu as vu pendant le sommeil. Demain il frappera à la porte. Il a voyagé dans la rosée de la nuit.
Que la maison est vide ! lève-toi, réveille-nous par tes chants.- Ainsi on l'adjure, et tous savent bien qu'elle ne se lève pas. On lui parle, sachant qu'elle ne répond pas. Sa mère se penche dans un transport et s'écrie : - Bien-aimée, dis-moi que tu m'entends ! Trésor, ouvre les yeux, une seule fois si tu m'aimes ; une seule fois baise ta mère, si tu l'entends !
Et le grand-père reste assis au fond de l'appartement, dans l'ombre, la tête entre ses mains.
Et une grande foule est là, entourant cette forme de fille blanche ; les femmes lui parlent toutes à la fois dans leur folie, et sitôt que chacun a parlé, il reconnaît avec stupeur le mensonge.
Et déjà les prend la crainte : comment la défendre du ver invincible, à qui ce fruit de vie est livré,
Et comment cacher le ravage du ver ? - Pourra-t-elle attendre seulement jusqu'à demain, car nous sommes au mois de mai !
Et comment, ô Dieu, écarter le vol de la mouche du front de la beauté ? - Mais ils ne le peuvent point, car elle est morte.Et telles sont les oeuvres de l'homme, tandis qu'elles promettent l'avenir, et que l'auteur de l'oeuvre, ravi, contemple en elles son image,
Et déjà à l'intérieur de l'oeuvre le pouvoir a fui. Vous ne pourrez vous appuyer sur elle pour approcher du bonheur.
Mais regardez bien, ô vous tous, soyez attentifs. Voici Jaïre qui revient dans sa maison. Il entre au son de la musique, ramenant la puissance de la foi.Et Jésus vint. Il entra conduit par le père de la jeune fille et il disait : Voyez, elle n'est pas morte, elle dort.
Il parlait ainsi se connaissant lui-même ; qu'il peut créer du néant, recommencer toute chose et donner à l'apparence sa vérité. Et ce qui est impossible à l'homme cependant est possible selon lui.
C'est pourquoi il disait " Elle dort. " - Et tous se moquaient, ignorant l'oeuvre de Dieu.Et Jésus s'approche. Il prend la main de la jeune fille qui se lève vivante de la mort, assise dans ses voiles funéraires,
Et tout aussitôt les lamentations s'arrêtent, la flûte se tait, le choeur des larmes est tari.
L'enfant, dressée et mouvante comme une fleur, a souri et une couleur de pourpre envahit sa joue semblable au marbre,
Promène autour d'elle un regard délivré, voit sa mère et pousse un cri, et saute du lit comme à l'heure du matin.
Tous se sont levés à la fois, tous s'approchent et voulant voir, se courbent ensemble ; leurs coeurs se brisent de crainte et de joie.
Cependant Jésus s'est approché portant de sa main bénie le plateau. - Avant tout, il faut faire manger la petite qui meurt de faim.
Et lui-même il offre les pains au miel et le lait caillé à l'enfant qui les reçoit et dévore à belles dents, regardant Jésus sans rien dire, celui qu'elle n'a jamais vu,
Jésus son père de la seconde vie, Jésus qui l'a recréée, refaite, restaurée,
Qui la tire du fond de l'ombre et la ramène au soleil,
Qui lui rend un don de nouveauté et la revêt d'un second espoir,
Jésus qui la veut toujours, alors que la nature la reniait,
Jésus qui l'attire, alors que le monde la rejetait,
Jésus qui la recueille, alors que ses parents allaient l'exposer dans le fossé,
Jésus en qui maintenant elle vivra, en qui elle se rira de la mort comme elle riait dans ses jeux,Elle le regarde profondément, avec timidité et candeur, et puis peu à peu elle reconnaît qui il est, elle rejoint son auteur,
Et elle s'arrête de manger et oublie toute chose à cause de Jésus qui est là,
Elle ne voit plus rien du monde, ni personne, ceux de sa première mortalité,
Elle s'oublie elle-même, car elle est la chose de Jésus,
Elle ne vit plus de soi, sa vie étant celle de Jésus,
Et telles sont les oeuvres de Jésus.Laissons donc, ô vous tous, les oeuvres de l'homme, et que nos oeuvres soient de lui. Allons dans la maison de Jaïre. Finissons la jeunesse que le temps détruit, dépouillons la beauté que le ver corrompt, le pouvoir à qui la mort est promise.
Réveillons-nous du sommeil, tandis que Jésus est là, sans quoi nul autre ne nous réveillerait.
Que notre âme se retire des funérailles et accoure toute vivante à la parole de Jésus.
Qu'elle échange l'inanition pour la nourriture de Jésus,
Elle sera alors une oeuvre de Jésus.