L'amour a été comparé à une fleur de rosier épanouie dans un jardin parfumé. Autour d'elle mille fleurs serrées lui font cortège comme un peuple en joie, chacune exhalant son propre parfum et s'efforçant de produire sa beauté. Mais aucune n'atteint l'éclat royal, et leur diversité relève la grâce unique de la rose.
Un enfant a passé dans le jardin et s'est dit : je cueillerai cette rose pour moi. - Il s'approche souriant, écarte les touffes embaumées et les foule aux pieds et il saisit à pleine main, avec violence, sa rose . Il la cueille : une douleur vive a pénétré sa chair ; il n'a pu retenir un cri . Mais la rose est cueillie : et tandis qu'il s'en retourne tout heureux, le sang de son doigt empourpre la pâleur de la rose.
L'amour a été comparé à une abeille abattue à terre par un orage. Un enfant qui jouait recueille ce petit être sur son doigt, et elle s'y repose, étalant ses ailes au retour du soleil. L'enfant se réjouit d'abord, et, par amitié pour l'abeille, il n'ose bouger de peur qu'elle ne s'envole. Mais après avoir lustré ses ailes, comme elle s'apprête à le quitter, l'enfant éprouve un regret . Dans son ignorance il élève sa main à ses lèvres et baise l'abeille, par tendresse, maladroitement . Alors une douleur terrible s'éveille subitement sur sa bouche . L'enfant pleure, absorbé dans sa douleur vibrante ; mais l'abeille emporte dans le ciel le baiser de l'enfant.
L'amour est une eau de feu qui coule en ruisseau sur un lit de pierres . Le voyageur arrive altéré et remercie Dieu . Il s'arrête et admire l'éclat transparent de cette eau où des lumières se jouent ; il écoute la mélodie de l'eau comme des cloches d'argent et la flûte de cristal ; et son coeur au dedans de lui frémit d'une musique semblable .
Alors ils se penche sur le ruisseau et boit . Mais l'eau qu'il boit est du feu ; chaque gorgée multiplie sa soif et ses tourments . Cependant plus la chaleur s'accroît, plus il boit avec avidité . Enfin il se relève comme fou . Il brûle tout entier ; dans les veines de son corps coule l'incendie ; ses pensées même sont devenues du feu ; de la fournaise de son coeur de longues flammes se font jour et s'étendent dans les airs ; et il est lui-même comme une torche de passion qui se consume sous le ciel. Mais il voudrait boire encore.Ce sont là les figures de l'amour ; et tel se fera connaître à toi, ô homme, l'amour divin que Jésus a fait et qu'il nous livré, le véritable.
Cet amour est comme un rose, comme l'abeille douloureuse et comme une eau de feu. D'abord il se présente dans une apparence d'attraits, c'est pourquoi l'homme désire le posséder et s'enivrer de lui . C'est alors, qu'après avoir trompé par sa première douceur, il se révèle dans sa vérité, tout autre : car il apporte la douleur, la peine, le sang : et tout ce que l'homme avait de vivant, il le consume.Et avec cela, jamais l'homme ne regrettera d'avoir choisi l'amour, parce que rien au monde n'est plus triomphant que l'amour. Et il n'y a que lui qui dure.