L' ÉVANGILE DU PÉCHEUR

II - LIVRE DES FIGURES

1 - Figure du monde


A quoi comparerai-je le monde ? Le monde est semblable à des enfants qui frappent sur un tambour. Au bruit du tambour les oiseaux s'échappent des branches, et ceux qui dormaient la nuit sont privés de leur repos. Le bruit se rapproche et l'on se dit : " Quelque chose de grand se prépare. " Mais quand le tambour a fini de rouler, il est trouvé aussi vide qu'auparavant.

Le monde est semblable à une vaste porte derrière laquelle n'est bâtie aucune maison. Ceux qui en voient la façade se réjouissent disant : "Entrons, nous serons bien." Mais à peine le seuil franchi, ils se retrouvent dehors, et la pluie s'abat sur eux avec tant de violence qu'ils se disent : " Tout à l'heure nous étions mieux. "

Le monde est semblable à une roue qui tourne sur le chemin, et les mêmes parties de la roue reviennent, à leur tour, écraser ce qui est sur le chemin. Ainsi progresse le monde. Le père dit à son fils : " Ne recommence pas " ; et l'homme se dit : " J'ai été trompé une fois, je ne le serai pas deux. " Et une génération se dit : "Nous ne commettrons pas les fautes de nos aînés " . Et le monde tourne toujours de même façon, et les fils ne valent pas mieux que leurs pères.

Le monde est semblable à un navire. Ceux qui montent sur le navire et de là regardent vers la mer, s'imaginent que tout danse parce qu'ils sont eux-mêmes en mouvement. Ils disent : " Rien n'est stable, il n'y a aucune terre ferme. " Et tout ce qu'ils regardent leur donne la nausée, à cause de l'agitation de leur coeur.

Le monde est semblable à des gens qui ont faim et soif dans un festin. On fait circuler devant eux des plats ornés et une vaisselle rare, mais dans cette vaisselle il n'y a rien pour leur appétit, et la boisson qu'on leur sert enflamme le goût ; de sorte qu'il leur faudrait se désaltérer de ce qu'ils boivent. Alors ils voient assis à la porte un mendiant qui a reçu un verre d'eau et une tranche de pain. Et ils voudraient être ce mendiant.

Le monde est semblable à un trône sur lequel est assise la Mort. Car la Mort a régné depuis Adam, même sur ceux qui ne pêchent pas. De son trône, la Mort surveille les hommes, et chaque instant de leur vie est son tribut. De sorte que tout homme du monde vit et engendre ses oeuvres pour la Mort.

Et tel est le monde, celui qui ne connaît pas Jésus-Christ et ne le reçoit pas ; celui pour lequel en retour Jésus-Christ n'a pas prié. Nombreuses sont les images de la misère du monde. Car tout ce qui est malheureux ou pervers sous le ciel, est du monde.

C'est pourquoi, mes petits enfants, n'aimez pas le monde ni aucune chose du monde. Mais efforcez-vous, et hâtez-vous d'entrer au royaume de Jésus-Christ.

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